Le Turquetto

Publié le par Emmanuelle

C’est par une note au lecteur que Metin Arditi introduit son nouveau roman. A elle seule elle suffit à susciter l’envie de dévorer ses quelque trois cent pages. Le postulat est le suivant : un tableau célèbre conservé au Louvre– dont la signature présente une discrète anomalie chromatique– serait l’unique oeuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne. Un égal de Véronèse, un élève prodige de Titien lui-même que le grand maître surnomma ‘le Turquetto’, le petit Turc. La petite histoire en appelle une grande, celle d’un destin mouvementé que Metin Arditi conte avec ferveur.

Ainsi débute le conte d’une passion, celle d’Elie Soriano. né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople vers 1519), qui ne peut concevoir de vivre sans dessiner. A la mine de plomb ou au pinceau, il veut saisir l’autre. Pénétrer son âme, la comprendre et la révéler, dans toute sa vérité. Mais les lois sacrées des Juifs et des Musulmans lui interdisent la représentation. Alors, pour assouvir sa passion, l’artiste triche, renie ses origines et fuit très jeune en Italie.

A Venise, il masque son identité, fréquente les ateliers du Titien, et connaît une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto. Il offre aux congrégations vénitiennes une œuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin. Pourtant, au sommet de sa gloire un malheureux incident fera basculer son formidable destin. Avec une force rare et une érudition inspirée, Metin Arditi dépeint, au cœur des rivalités et des fastes de la Renaissance, le destin d’un artiste dont le talent égale l’inspiration. Entre ombre et lumière, voici une vraie pépite au cœur de cette rentrée littéraire !

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Metin Arditi - Le Turquetto - Actes Sud 19,50 €

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