Vincent Duclert, porteur de flambeaux

Publié le par Gwalarn

Vincent Duclert, porteur de flambeaux
Vincent Duclert, porteur de flambeaux

 

« La fidélité aux morts, ce n'est pas de porter leurs cendres mais de brandir leurs flambeaux », Jean Jaurès cité par Vincent Duclert dans « La France face au génocide des Tutsi ».

 

« Ce génocide pouvait raisonnablement être arrêté et il ne l'a pas été. » Vincent Duclert dans « La France face au génocide des Tutsi. »

 

Au-delà de leurs différences, tous les génocides du XXième siècle eurent de nombreux points communs, obéirent à une même mécanique (https://museeholocauste.ca/fr/ressources-et-formations/dix-etapes-genocide/). Après le massacre vient le temps de l'effacement des traces, de la négation, de la relativisation ou du déni. Le parachèvement du génocide, c'est son oubli, sa disparition des mémoires mais comme il est tout de même difficile d'oublier des centaines de milliers, des millions de morts, les génocidaires et leurs complices commencent par falsifier l'histoire. On reconnaît les camps mais on nie les chambres à gaz, on parle de massacres mutuels, au pire de crimes de guerre, de menace intérieure, de double génocide ou de massacres inter-ethniques...

 

La lutte pour la vérité est indispensable, sans quoi les horreurs se répètent. Le génocide arménien a servi de modèle à la Shoah. Malgré « le plus jamais ça » de 1945, le génocide des Tutsi a eu lieu en 1994.

 

Les survivants sont souvent dans un premier temps inaudibles car personne ne les écoute. Le célèbre titre de Primo Levi « Si c'est un homme » ne fut un succès qu'au début des années soixante, une quinzaine d'années après sa première édition. Les morts ne témoignent plus et comme l'écrivit le poète Paul Celan « Personne ne témoigne pour le témoin ». Quelques journalistes, témoins des massacres, publient courageusement mais souvent ils doivent affronter de puissantes machines de désinformation étatique. Parmi les porteurs de flambeaux, les historiens sont indispensables. La méthode historique prend du temps mais son exigence scientifique permet de lutter contre l'oubli et la manipulation.

 

Vincent Duclert est un historien d'abord spécialiste du génocide arménien. Il a ensuite présidé, à l'invitation du Président Emmanuel Macron, la Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi. Il a publié en septembre 2023 « Arménie, un génocide sans fin et le monde qui s'éteint » aux éditions Les Belles Lettres et en janvier 2024 « La France face au génocide des Tutsi » aux éditions Tallandier.

 

« Arménie, un génocide sans fin et le monde qui s'éteint » est un livre écrit alors que les combats se déroulaient au Haut-Karabagh. La Turquie et l’Azerbaïdjan continuent inlassablement de nier le génocide arménien. Tant qu'il est nié, il n'est pas terminé. C'est ce que Vincent Duclert nomme le génocide long. La guerre déséquilibrée que subit l'Arménie aujourd'hui n'est qu'un prolongement du génocide de 1915 et donc un risque existentiel pour ce pays et sa population.

 

Dans « La France face au génocide des Tutsi », Vincent Duclert poursuit ses travaux commencés avec la commission qui porte son nom sur la responsabilité du pouvoir mitterrandien dans ce génocide et sur le déni qui a ensuite perduré. Rigoureusement documenté, étayé, il établit l'effondrement moral, intellectuel et politique du pouvoir français qui soutint un régime génocidaire.

 

Deux livres pour éclairer, pour transmettre et allumer d'autres flambeaux.

 

 

La France face au génocide des Tutsi - Vincent Duclert - Aux éditions Tallandier - 25.50€

Arménie, un génocide sans fin et le monde qui s'éteint - Vincent Duclert - Aux éditions Belles Lettres 9€

 

 

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