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Sans laisser de traces

Publié le par Isabelle©Page des Libraires n°245, avril-mai 2011

L'inspecteur en chef Karen Pirie est en charge des affaires non classées. Elle enquête sur la disparition, il y a un peu plus de vingt-deux ans de Mick Prentice, un mineur soupçonné d'avoir rejoint des briseurs de grève dans le sud du pays, lors de la grande et terrible grève des mineurs des années 1980. Sa fille le recherche car il serait un donneur compatible pour son fils, en attente d'une greffe de moelle osseuse. Parallèlement, Karen se voit confier la réouverture d'une enquête sur un enlèvement qui avait mal tourné à la même époque : la fille d'un homme d'affaires influent, prospère et arrogant, avait été enlevée avec son bébé et tuée lors de la remise de rançon. Le bébé n'est jamais reparu. La découverte d'un nouvel élément, dans une ferme abandonnée en Italie relance l'affaire. Même si l'on devine très vite que ces deux histoires ne vont faire qu'une, on est tout de suite happé par ce thriller psychologique. À coups de flash-black, l'auteur manipule le lecteur jusqu'à la fin !

 Sans laisser de traces
Val McDermid - Sans laisser de traces - Flammarion 21€
traduit de l'anglais (Ecosse) par Matthieu Farcot

Publié dans Polar

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Cloués au port

Publié le par Emmanuelle

 

Rêveur raconteur, le Capitaine est l'une des figures du bar Chez Pedro. Le soir, Jimmy, ex-grutier sans emploi, s'installe pour boire à ses côtés, l'écouter et prendre place dans l'étrange chronique collective dentelée de disparus, d'énigmes, de voyages et de coups du sort de ce petit port de Bretagne.
Autour d'eux bourdonnent d'autres voix qui se perdent : chasseurs, boulistes et solitaires qui n'ont trouvé meilleur refuge pour fuir la canicule qui sévit. Pas de quoi entamer le débit du Capitaine, qui s'en va parler aux morts du cimetière d'en face dès que les vivants semblent un peu moins attentifs à ses propos. En cet été torride, la vie s'effiloche plus vite que d'habitude. Les plus faibles tombent, d'autres s'éteignent à petit feu, emportant avec eux des pans d'histoires et de solitudes que le narrateur de Cloués au port s'attache à restituer.

Ici une écriture précise, sobre, concrète porte magnifiquement des histoires de vivants et de morts au cœur d’une Bretagne discrète mais réelle. Entre terre et mer, touché par le lyrisme et la poésie de ce court roman, le lecteur reste vraiment cloué au port. Tant mieux !

cloues au port
Jacques Josse - Cloués au port - Editions Quidam 12€

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(RE)PLAY !

Publié le par Tiffany

Benjamin a dix-sept ans, presque dix-huit, et pour lui c’est l’année de tous les changements. Plus vraiment ado, mais pas encore adulte il doit jongler entre son dossier d’admission post-bac, ses dissertations de philo, sa passion pour la musique rock et ce vide immense qui le hante depuis que les Frontlights se sont séparés.

Ah pardon ! Vous ne connaissez peut-être pas les Frontlights ?

Frontlights c’est le nom du groupe de rock dont faisaient partie Benjamin, son âme frère Mathieu et son pote Maxime  Et puis comme il fallait une chanteuse, il y a eu Clara. Le groupe s’est vite transformé en lieu de rivalités, parce que évidement Mathieu et Benjamin sont amoureux fou de cette fille à la voix cassée, simple et fascinante. La musique a peu à peu laissé place à une grande souffrance, celle de voir son meilleur ami avec la fille de ses rêves. Dans ces conditions, toucher une guitare ça n’a plus aucun sens.

Et puis Clara est partie. Le vide quoi.

Mais depuis quelques jours la rumeur court au lycée que Franck Ménard, rédacteur en chef du journal de musique le plus lu en France, juré d’une émission de téléréalité et accessoirement producteur de deux grands groupes de rock les plus en vue du moment, va venir assister à des représentations de groupes amateurs, à la recherche de « pépites ».

Il est temps pour Benjamin de rassembler un à un les morceaux de son passé, même si cela ravive quelques anciennes rancunes et des souvenirs douloureux.

En gros, c’est le moment ou jamais d’avoir la rock attitude !

-re-play.gif
Jean-Philippe Blondel - (RE)PLAY! - Actes Sud Junior - 10 €

Publié dans Jeunesse

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Meurtres aux AA

Publié le par Isabelle ©Page des Libraires n°244, mars 2011

Matt Scudder, l'un des trois principaux héros récurrents de Lawrence Block avec Evan Tanner et Bernie Rhodenbarr, revient sur le devant de la scène dans une enquête qui sera probablement son affaire la plus personnelle.

Matt Scudder est un ancien flic. Quelques années auparavant, en tentant de s'interposer lors d'un hold-up, il tue accidentellement une fillette. Il a démissionné de son job, divorcé et vit désormais à l'hôtel. Reconverti en détective privé non officiel et sans carte, il fait ce boulot plus dans l'esprit de rendre service aux amis. Alcoolique repenti, sobre depuis presque un an, Matt sait qu'il est toujours sur le fil du rasoir et suit scrupuleusement le programme des Alcooliques Anonymes. C'est lors d'une réunion des AA qu'il tombe sur Jack Ellery, un ami d'enfance. Enfants, ils rêvaient d'être flics tous les deux. Matt l'est devenu, Jack a basculé du mauvais côté, faisant plusieurs séjours derrière les barreaux. Depuis Jack s'est rangé et a lui aussi renoncé à l'alcool. Il est à une étape où il doit établir la liste de toutes les personnes auxquelles il estime avoir fait du tort afin d'expier ses péchés. Lorsque Gregory Stillman, le parrain de Jack aux Alcooliques Anonymes lui annonce que ce dernier a été froidement assassiné, Matt fait rapidement le rapprochement avec la liste et les confessions écrites de son ami d'enfance. Pour les malfrats que Jack est allé voir, l'occasion n'était-elle pas trop tentante de le faire taire à jamais ? Gregory l'a engagé pour mener l'enquête mais Matt hésite à se lancer seul ou bien remettre la liste à la police, au risque que celle-ci aille fouiner du côté de gens qui n'ont rien à voir dans l'histoire. Finalement il mènera l'enquête, éliminant au fur et à mesure les suspects de sa liste et démasquera bien entendu le coupable. Tout la force et la beauté de cet excellent roman noir, tient dans le rythme. L'écriture de Lawrence Block est fluide et apparemment tranquille. On suit un Matt Scudder confronté à son passé et ses vieux démons, dans ses pérégrinations pédestres à travers New-York, non seulement pour mener son enquête mais également pour assister à des réunions des AA qui se tiennent aux quatre coins de la ville, de jour comme de nuit.

Entre-deux-verres.gif

Lawrence Block - Entre deux verres - Calmann-Lévy - 20,50 €
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Étienne Menanteau

Publié dans Polar

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« Être Fedeylin, c'est accepter »

Publié le par Isabelle © Page des Libraires n°244, mars 2011

 

Fedeylins nous plonge dans un monde fantastique, unique et original. Dès les premières lignes, le lecteur ne peut être qu'en totale empathie avec un héros très attachant.

Cahyl est un petit bonhomme appartenant au peuple des Fedeylins, petits êtres ailés hauts d'une quinzaine de centimètres. Les Fedeylins vivent au bord d'une mare, au sein d'une société organisée en castes. Ils reçoivent à la naissance une marque qui décide de leur future caste et de leur destin. Cahyl comme tous ses congénères, naît au terme d'une gestation de cinq ans dans une bulle, sur la mare de ponte. À l'éclosion de sa bulle chaque Fedeylin doit regagner la rive. Cahyl se serait noyé sans l'intervention de Glark, un gorderive. Les gorderives, sorte de batraciens armés et belliqueux, vivent de l'autre côté de la mare et respectent avec leurs voisins un pacte de non-agression vieux de trois cents ans. Le monde tranquille de Cahyl, où tout est planifié et organisé, s'effondre lorsqu'il prend conscience qu'il n'a pas été marqué. Son destin n'étant pas tracé, il est différent des autres Fedeylins et ne pourra pas trouver sa place parmi eux. Abasourdi par cette découverte, Cahyl n'aura alors de cesse de trouver des réponses à ses questions. Pour ce faire, il devra partir...
Fedeylins est un extraordinaire et envoûtant roman d'aventure, qui pose les questions que tout lecteur est susceptible de se poser.


Fedeylins.jpeg

 

A paraître : tome 2 en octobre 2011, tomes 3 et 4 en 2012

Nadia Coste- Fedeylins T1 Les rives du monde - Editions Gründ- 18€

Publié dans Jeunesse

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L'album de l'année

Publié le par David

365 cases pour 365 jours, tel est le pari fait par Fabcaro qui livre ainsi, jour après jour, des moments de sa vie sur l'année 2009.
L'exercice peut paraître périlleux : Fabcaro raconte son quotidien, sa famille, son métier, ses angoisses voire même sa terrasse, en seulement une case par jour, une semaine par page.
Et pourtant, quel plaisir ! Quelques running gags bien dosés (quel talent pour le mime, vraiment),  de grands moments de solitude (les dédicaces, ce n'est pas toujours facile), et (si, si, c'est important) quelques visites chez le médecin, la vie d'un dessinateur de BD est trépidante et pleine d'anecdotes drolatiques !
Fabcaro est définitivement doué pour rendre le quotidien désopilant.

Fabcaro

Fabcaro - L'album de l'année - Ed. La Cafetière 10,50 €

Publié dans Bande Dessinée

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Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti

Publié le par Isabelle © Page des Libraires n°135 janvier/février 2010

 

Evie a 15 ans en 1947. Elle vit à New York, lorsque Joe son beau-père, rentre de la guerre. Elle est protégée, maintenue dans l'innocence de l'enfance par sa mère, la belle Beverley, à qui elle aimerait tant ressembler. Un soir, après un coup de fil qui semble l'ennuyer, Joe décide décide sur un coup de tête de partir en vacances à Palm Beach, en Floride. La famille s'installe dans un des rares hôtels encore ouverts en cette arrière saison et se lie d'amitié avec un couple. L'arrivée de Peter, un ancien compagnon de régiment de Joe, va troubler la sérénité du groupe. Joe ne semble pas ravi de cette intrusion. Evie, pressée de grandir, touchée par l'attention que lui porte Peter, en tombe amoureuse. On pressent un drame, des secrets inavouables, Judy Blundell a construit une histoire noire remarquable où l'intrigue, intelligement tricotée, se dénoue au rythme de la perte des illusions d'Evie.

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Judy Blundell - Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti - Gallimard, Pôle Fiction 6,60 €
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Dutheil de la Rochère

Publié dans Jeunesse

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Fontenoy ne reviendra plus

Publié le par Philippe

La question est pourquoi, pourquoi de brillants intellectuels ont collaboré avec le nazisme, l’opportunisme n’expliquant pas tout. Pour comprendre, Gérard Guégan a écrit la biographie d’un collabo dont il a aimé les livres, Jean Fontenoy.

Fontenoy fut donc un « dégueulasse » qui alla au fond de l’abject car Fontenoy ne faisait jamais rien à moitié. Il soutint Pierre Laval, entra au PPF de Doriot. Et pourtant il admirait Trotski. Antimilitariste, il s’engagea en 1940, mais dans l’armée finlandaise pour repousser l’attaque russe, puis dans la LVF. Il publia un texte d’une niaiserie repoussante sur le camp de concentration d’Oranienburg alors qu’il avait été un grand journaliste. Et puis, il y a le plus terrible, des textes antisémites, une demande faite à Darquier de Pellepoix d’attribution d’un logement confisqué à un juif … Fontenoy, l’époux de la juive roumaine Lizica, un lecteur d’Einstein, de Herzl, un admirateur éperdu de Vladimir Maïakovski …

On le voit, rien n’est simple. Pourquoi Fontenoy a-t-il collaboré ? Les convictions politiques ? On sait que nombre de monarchistes, de nationalistes furent parmi les premiers à répondre à l’appel du 18 juin. L’antisémitisme ? Il était tellement répandu que De Gaulle lui-même dut y mettre le holà à Londres. De plus celui de Fontenoy est douteux …

Fontenoy était un homme complexe, comme l’époque et c’est le grand mérite de Gérard Guégan de nous permettre de le saisir.

Enfin il faut souligner que cette biographie est aussi une œuvre littéraire magnifique. Le style est vigoureux, parfois rugueux ; l’auteur ignore le coup de griffe, à la place il assène des franches taloches. Gérard Guégan possède l’art du raccourci et de la formule : « C’est un dégueulasse ? C’est un dégueulasse. Comme l’époque ? Comme l’époque. ». Ce livre-là sur un collabo n’est pas écrit à l’eau tiède …

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Gérard Guégan - Fontenoy ne reviendra plus - Stock 24€

Publié dans Essais

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Pas Sidney Poitier

Publié le par Emmanuelle

Dans ce nouveau roman, Percival Everett conjugue magistralement l’humour à la satire. Là où les aventures (trépidantes ou folles) de ses personnages (décalés ou désespérément ordinaires) s’allient à des procédés narratifs inattendus, le comique et la réflexion flirtent avec l’absurde. Jubilatoire !

"Je suis le fruit, né sous de mauvais auspices, d’une grossesse hystérique(…) Je suis grand, ai la peau noire, et offre aux yeux du monde l’apparence de M. Sidney Poitier, ce que ma pauvre mère dérangée, et désormais défunte n’aurait pas pu savoir lorsque, à ma naissance, elle me nomma Pas Sidney Poitier."
Avec une telle entrée en matière, Percival Everett pose les jalons de sa nouvelle histoire et donne le ton. Question folie, la mère de notre héros en impose : elle accouche après deux ans de gestation et lui lègue une fortune colossale. Elle l’affuble d’ un parrain singulier, aussi avide qu’insipide, un certain Ted Turner, magnat des médias américains. Question couleur de peau et préjugés raciaux, la vie de notre héros ne manque pas de piment: dès l’enfance jusqu’à l’université, il ressent comme une gêne à son égard. Question patronyme, ses déboires atteignent leur paroxysme : comment faire comprendre au commun des mortels (voire même au lecteur ‘’fatigué’) l’usage de cette négation de prénom et de nom. Sans oublier cette ressemblance physique avec ce célèbre américain, premier acteur noir à recevoir l’Oscar du meilleur acteur en 1963 pour son rôle dans Le lys des champs. Et pourtant, Pas Sidney Poitier s’entête à vouloir de l’ordinaire (une éducation, des amis, des hobbies, etc.).C’est oublier ses multiples handicaps qui feront de sa vie au mieux une suite de péripéties rocambolesques, au pire un enfer. Car ce qu’il faut bien comprendre, c’est que notre héros (qui peut hypnotiser ses contemporains pour les soumettre à sa volonté) rêve pas mal ou (pire!) vit et subit réellement les aventures que son (pas) homonyme a incarnées pour le cinéma. Des références ou des scènes de films comme La Chaîne , Dans la chaleur de la nuit , Devine qui vient dîner ?
comptent parmi les aventures de notre candide. Cerise sur le gâteau : sa rencontre avec un personnage aussi déjanté qu’emblématique. Un certain Percival Everett (himself), professeur d’université débonnaire dont il suit les cours et les conseils. Plus absurdes les uns que les autres, of course ! Savoureux à souhait, ce roman d’apprentissage est bien plus une farce qu’une satire parfois. Cependant, pourvu qu’on s’écarte un peu du comique et des mises en abyme, la problématique raciale est toujours présente. Encore merci et bravo M. Everett !
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Percival Everett - Pas Sidney Poitier - Actes Sud 22,50 €
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Laure Tissut

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Celles qui attendent

Publié le par Emmanuelle

Dans ce quatrième roman de Fatou Diome , destination le Sénégal. Un pays où règnent traditions, polygamie et misère. Un pays que les hommes sont nombreux à vouloir quitter clandestinement. Au péril de leur vie. Coûte que coûte pour rejoindre l’Europe. Le sujet est sensible : ce roman vraiment magnifique !

Extrêmement bien rythmée, cette captivante histoire de femmes mêle chronique sociale et drames personnels. Le réalisme le plus trivial y côtoie malicieusement l’animisme. Pour chanter la douleur et l’angoisse, révéler les désillusions et les faux pas, dénoncer avec détermination des contradictions politiques et culturelles, l’écriture est musicale et pleine de souffle. Ample et houleuse la voix de Fatou Diome a cette force qui vous emporte, une liberté de ton qui vous enchante, un humour qui vous ravit. Sans jamais oublier de dire la rage et la colère avec conviction.

Fatou-Diome.png
Fatou Diome - Celles qui attendent - Flammarion   20 €

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